B comme Brossage de dents

 

Brosse à dents Pixabay

Source : Pixabay

 

— Non. Non. Non., assénait-il en secouant sa petite tête de gauche à droite. Pas dents.
— Maman, maman, maman, répétait-elle en sautillant sur place. Je peux prendre le nouveau dentifrice à la framboise ?
— Oui oui Lucie, Rodolphe, viens par ici que je te brosse les dents.
— Non., répondit fermement le petit garçon, en reculant jusqu’à se ratatiner dans le coin de la salle de bains le plus proche.
— Mais il est où ? Je le trouve pas ? dis la petite fille en appuyant bien sur les voyelles pour bien souligner son état de désespoir face à ce dentifrice introuvable.
— Il est dans le verre, avec ta brosse à dents, comme d’habitude.
—Ah oui… Lucie ouvrit le tube. Mais ça sooort pas…
Annabelle soupira puis inspira fort pour contenir l’énervement qui commençait à poindre. Elle détestait se charger du brossage de dents, d’habitude, c’était son mari qui s’y collait, mais là, il était en déplacement pour la semaine. Tout en s’approchant du petit garçon avec une petite brosse à dents orange flambant neuve à la main, elle dit :
— Donne-moi le tube que je retire l’opercule.
— C’est quoi l’opercute ?
— Le petit morceau de papier, là, qui bouche l’ouverture.
Pressentant comment cela allait se finir, Annabelle rendit le tube en précisant bien :
— Tu en mets un tout petit peu de dentifrice.
Devant le lavabo, Lucie écrasa le tube entre ses doigts de telle sorte que la noisette de dentifrice se transforma en grosse noix. Celle-ci tint à peine quelques secondes en équilibre sur les poils de la brosse avant de s’écraser sur le petit pyjama violet. Aussitôt, ce furent des lamentations désespérées qui obligèrent Annabelle à aller chercher un autre haut de pyjama dans l’armoire de la petite fille. Non, pas le rouge, le ROSE. Lorsqu’elle revint, elle vit Rodolphe étrangement silencieux et tourné vers le coin du mur.
— Rodolphe, qu’est-ce que tu fais ?
Annabelle se pencha sur son fils qui écaillait minutieusement la peinture s’effritant au bas du mur :
— Arrête ça tout de suite !
Des hurlements lui répondirent.
— Tu as vu ta nouvelle brosse à dents, elle ressemble à une souris !
Les hurlements cessèrent aussitôt.
La situation de nouveau sur les rails, comme si rien ne l’avait interrompu, Annabelle reprit :
— On brosse le haut… A gauche… A droite… Frotte bien sur les côtés. Les cô-tés… Devant… Derrière… Le bas maintenant.
Annabelle brossait les dents de son fils tout en surveillant le brossage de sa fille. Des petits cris de protestation provenaient du coin de la salle de bain, ponctués par des « Comme cha ? » provenant du lavabo. Posant la brosse à dents orange pour se saisir de la rose, Annabelle dit :
— Je vais repasser un coup pour être sûr que tout est bien brossé. Ouvre la bouche s’il te plaît.
— Mais j’ai déjà tout fait, je te diiis.
Les protestations avaient changé de camp.
— Juste un petit coup. Hop au lit maintenant.
Un troupeau d’éléphants sembla traverser la maison pour se rendre dans la chambre. Annabelle commença à se détendre, le plus dur était fait : bain, repas, passage aux toilettes, brossage de dents. Elle trouvait même que tout s’était bien passé ce soir. Il ne restait plus qu’à lire une histoire aux enfants. C’était le moment qu’elle préférait dans la journée avec les enfants. Le deuxième, c’était quand ils dormaient enfin et qu’elle pouvait ouvrir un livre juste pour elle.

C’était ma participation à l’Abécédaire participatif de C’était comment avant pour la lettre B.
Pour retrouver l’épisode précédent de l’histoire d’Annabelle : A comme Annabelle.

 

 

6 commentaires

  1. Mais qu’est ce que j’aime et qu’est ce que je me suis vue à ta place !!! C’est monsieur aussi souvent qui se charge de ça parce qu’avec moi ça finit souvent en carnage avec mon manque de patience de fin de journée !

    J’aime beaucoup tes écrits, c’est fluide et ça se lit tout seul !

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