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Nono Le poireau était un poireau de taille moyenne aux feuilles vertes et aux racines terreuses. Il était fort envieux de sa colocataire, Amandine La pomme de terre. Les formes généreuses et la blondeur de cette dernière ne laissaient personne indifférent. Cette princesse faisait toujours bonne figure à table, qu’elle soit en robe des champs ou dans son plus simple appareil, alors que lui, il flétrissait depuis des lustres au fond du bac à légumes. On le surnommait « l’asperge du pauvre », on le regardait avec mépris, si tant est qu’on le regarde. Parce qu’il y avait des jours comme celui-ci (quand la neige tombe à gros flocons), où Charlotte, la truculente, déployait ses plus beaux atours (cochon et oignon) pour faire fondre de plaisir ceux qui la dégustaient sous une moitié de reblochon, et où Nono, quant à lui n’inspirait que désaffection et indifférence. Bref, il dépérissait. Ce que Nono ne savait pas, c’est que tout allait changer du jour au lendemain.
La période de la quadragésime arriva et ce fut au tour d’Amandine de rester au placard. Comme il fallait bien se résoudre à se nourrir quand même en cette période de jeûne, on pensa à Nono. Cuit à l’eau et accompagné d’une vinaigrette, il ferait bien l’affaire. Personne n’aurait parié un tringueld là-dessus, mais on se régalait, et ce, tout en respectant la règle de frugalité de mise. Quoi de mieux ? On le trouva tellement délicieux qu’on l’accommoda et le prépara de diverses manières pendant quarante jours. Pâques passé, il ne fut plus jamais laissé de côté et fut même placé plusieurs fois aux côtés d’Amandine dans un plat bien gratiné. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en sa présence, Amandine semblait tout de suite bien plus fade. Comme quoi, le grand gagnant au jeu des saveurs n’est pas forcément celui qu’on croit au premier coup d’œil dans le frigo.
Voici ma participation à l’Agenda ironique de février organisé par Le dessous des mots.
Les règles étaient les suivantes :
écrire un conte court ou long pour enfant ou adulte avec une morale et utiliser les mots :
quadragésime, tringueld, gagnant et truculence (dans l’ordre et la forme souhaités).
Pour l’inspiration, je me dois de remercier Victorhugotte et Carnets Paresseux et leur anthologie du poireau ainsi que La Jument verte et sa Charlotte.
j’adore…
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Merci pour ce commentaire encourageant 🙂 C’est la première fois que je m’essaye au conte !
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je ne crois pas qu’encourageant soit le mot. c’est surtout excellent.
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Bon jour,
Excellent 🙂 Le tout est bien conté, un vrai plaisir et la morale habille le conte à la perfection. Bravo 🙂
Max-Louis
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Je dois avouer que je n’avais absolument aucune inspiration pour ce défi au départ et que je me demandais même si j’allais réussir à écrire quelque chose…
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« Amandine, soeur Amandine, ne vois tu rien venir ?
non, Charlotte ma soeur, je ne vois que le frigo qui givroit et le poireau qui verdoie » !
J’adore !!!
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Amandine et Charlotte peuvent aller se rhabiller!
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Un vrai bon moment de lecture! Une écriture enveloppée et pleine de charme.
Belle participation Estelle.
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C’était pas facile facile… Tu comptes participer aussi à l’agenda ironique de février?
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Je veux bien te croire.
Je vais aller y jeter un coup d’oeil!
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Amandine et Charlotte sont super contentes de revenir non sous les feux de la rampe mais les feux du four (ou les feux de l’amour de Nono)
Excellent texte 🙂
Bon faut que je m’y mette au conte de février parce qu’il est court fevrier ….
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Oui et le défi n’est pas facile à relever !
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Un conte aux saveurs généreuses qui rend grâce aux oubliés du frigo… Bravo, l’idée est savoureuse !
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Un délice. Merci
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🙂
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