Le miroitement de l’eau lui fit ralentir sa course puis s’arrêter. D’un revers de la main, elle essuya les gouttes de sueur qui perlaient sur son front et faisaient coller ses cheveux noirs striés de blanc. Elle s’approcha du ru s’écoulant avec détermination pour mieux l’observer. Échauffée par la course qu’elle s’imposait quotidiennement, elle écarta très légèrement le grand tee-shirt de sport qu’elle portait de son corps décharné pour sentir l’air sur sa peau. Au lieu de la rafraîchir, ce geste lui procura une sensation d’étouffement. La tiédeur de l’air lui parut insupportable. Elle se sentit soudain engoncée dans ces habits trop larges pour elle et dans ces baskets qui étaient devenues ses chaussures de prédilection. Les clapotis de l’eau fraîche l’appelaient. Elle s’empressa de se défaire de ses chaussures et chaussettes pour plonger son pied dans l’eau. Le contact avec l’eau froide agit sur elle tel un choc électrique qui la traversa des pieds à la tête. Les battements de son cœur s’accélérèrent. Quelques secondes plus tard, son pantalon de jogging et sa culotte de coton jonchaient le sol du bois. À moitié nue devant la rivière, elle hésitait à se dévêtir complètement. Ses fesse anguleuses et sa toison exposées au regard de toute personne qui passerait par là, elle restait figée là, les mains tellement crispées sur le bas de son tee-shirt que leurs jointures étaient devenues blanches. D’un geste brusque, elle exposa sa poitrine asymétrique et sa cicatrice la plus intime, puis immergea aussitôt son corps nu dans l’eau. Le liquide l’enveloppa. Elle se sentit prendre du relief et exister. Elle ne ressentait plus le trou béant dans son torse, du côté gauche, au niveau de son cœur. Le courant caressait ses courbes féminines, même celle du sein qu’on lui avait ôté. Nue, portée par le ru, elle se laissa aller aux sensations de la vie qui regagnait chaque parcelle de la femme qu’elle était.
Voici ma participation à l’Agenda ironique de mai 2018 organisé par La Jument Verte.
Le thème était NU, NUE, NUS, NUES….
Pour voir les textes produits dans le cadre de l’Agenda ironique d’avril 2018, c’est ici.
Le pouvoir de l’eau… comme un retour aux sources…
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oui 🙂
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La nature se fond dans la nature…
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La nudité nous fait en effet réintégrer la nature
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Oui, et si une rose perd un pétale, elle reste toujours une rose…
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Tout à fait 🙂
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Au début j’ai pensé à une jeune fille anorexique et puis tout s’éclaire….
Une tension qui va grandissante dans ton texte et qui finit sur une note d’espoir ….
Très émouvant
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Merci 🙂
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Moi aussi, j’avais pensé à ça.
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J’aime bien les retournements de situation !
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Bon jour,
Un texte de … renaissance. L’eau et le corps, intiment liés … un retour au source pour se régénérer et s’emplir à nouveau de vie d’âme et corps redevenus … un entier … naturel…
Max-Louis
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Je me rends compte que j’aime beaucoup écrire le moment où il y a renaissance…
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Court, dense, intense.
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merci…
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Après le traumatisme de la maladie, replonger dans le courant de la vie…
Un geste de courage…et de confiance.
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Il suffit parfois d’un déclic pour revenir à la vie
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Un très beau texte, court et dense. On y est, vraiment! Merci pour cette renaissance!
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C’est le printemps qui m’a inspirée 🙂
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Triste et plein d’espoir à la fois!
Merci pour ce beau texte.
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Merci de l’avoir lu 🙂
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Je plussoie ; rude et doux à la fois.
vive l’eau vive et la vie qui revient !
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oh on l’entend clapoter !
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Vive l’eau dans le matin nouveau
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🙂
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